Le hijab sportif de Décathlon, une bonne ou mauvaise idée ?

Encore une fois, la France est devenu hystérique à la perspective de ce que les femmes musulmanes pourraient choisir de porter. L’objet de la polémique est un hijab de running par Décathlon. Il a été conçu pour permettre aux musulmanes de s’exercer en public tout en adhérant aux codes islamiques, ce qui n’est pas tout à fait le cas.

En effet, couvrir ses cheveux ne suffit pas pour porter le hijab islamique. Si le reste du corps est serré, cela ne sert à rien, du moins en public. Car en privé, cela peut être utile pour bien tenir les cheveux. Decathlon a donc annulé son projet de vente d’une version sportive du foulard musulman en France après la vague de protestation des hommes et femmes politiques et c’est une bonne chose, tout comme l’interdiction du birkini qui risquait d’encourager les musulmanes à se baigner dans certains lieux peu recommandables pour elles.

Xavier Rivoire, responsable de la communication de Decathlon, a déclaré mardi à la radio RTL que la décision avait été prise « d’assurer la sécurité de nos propres équipes ». Le groupe avait précédemment écrit sur Twitter qu’elle avait subi une « vague d’insultes et de menaces sans précédent » sur le produit. Decathlon a d’abord répondu en affirmant que le hijab était « une exigence de certains coureurs et que nous répondons donc à cette exigence sportive ». Mais plus tard, Rivoire a déclaré à RTL : « Nous prenons effectivement la décision de ne pas vendre ce produit en France pour le moment ».

Decathlon vend déjà ce voile dans ses magasins au Maroc. La chaîne de magasin avait prévu d’introduire le vêtement en France dans les prochaines semaines. « L’engouement pour le produit nous a amenés à nous demander si nous devions le rendre disponible » dans d’autres pays également, a déclaré Rivoire, ajoutant que le vêtement « laisse le visage libre et visible ».

Angélique Thibault, qui a créé le vêtement pour la marque de running Kalenji de Decathlon, a déclaré qu’elle était « motivée par le désir que chaque femme puisse courir dans tous les quartiers, toutes les villes, tous les pays … quelle que soit sa culture ». Cela part d’une bonne intention, encore faut-il aller au bout des choses et proposer des ensembles complets.

Une occasion de plus pour dénigrer la femme musulmane et l’islam

Les informations selon lesquelles Decathlon introduirait le hijab sportif en France ont suscité la colère des politiques. Un tel produit n’est « pas interdit par la loi », a déclaré la ministre de la Santé, Agnes Buzyn, sur RTL, mais elle ajoute : « c’est une vision de la femme que je ne partage pas. En tant que femme c’est comme ça que je le vis. Tout ce qui peut amener à une différenciation me gêne. J’aurais préféré qu’une marque française ne promeuve pas le voile » ».

Aurore Berge, porte-parole du parti La République en Marche du président Macron, a déclaré que « le sport émancipe, il ne soumet pas ». Heureusement, d’autres voix se font entendre sur Twitter, comme celle d’Aurélien Taché, également député LREM : « Cette obsession du voile et de l’islam, nichée dans l’inconscient du républicanisme, est une exception française dont nous pourrions très bien nous passer ».

Pour Laura Youkana, une porte-parole de l’organisation féministe musulmane Lallab, cette rage met en avant « d’énormes contradictions ». L’ironie, a-t-elle noté, est que le produit, tout comme le burkini, est la preuve qu’un grand nombre de femmes musulmanes cherche à s’intégrer au public, pas à s’en retirer.

Ce que les musulmanes choisissent de porter est un sujet controversé en France, une société officiellement laïque qui interdit les signes et symboles religieux dans la vie publique, à l’exception des crèches et des arbres de Noël décorant les mairies pendant les fêtes de Noël. De même, les jours correspondant aux fêtes catholiques sont fériés.

A quand 2 jours fériés pour les 2 jours de l’aid ?